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  • #76
    La Russie revient sur les mers à la fin de la décennie. Ils ont dessiné les plan de leur marine qu'il ne reste plus qu'à construire et la région pacifique est dotée. Pour 3 raisons : 1. l'émergence d'une marine chinoise de projection 2. les actes de piraterie du coté de la Somalie 3. la tension au pôle nord qui les oblige à une occupation homogène de l'ensemble de ses côtes.

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    • #77
      La construction d'un gratte-ciel record en Chine, un mauvais présage pour son économie?


      Établi en 1999, l'«Indice gratte-ciel» prédit les crises économiques en fonction de la hauteur des immeubles. L'analyste, qui l'a élaboré, y voit un mauvais présage pour la Chine, qui est en train de construire la tour la plus haute du monde.


      La Chine construit actuellement la tour le plus haute du monde: la dénommée «Sky City» devrait être achevée en quatre mois à peine et mesurer 838 mètres. Mais le projet ne semble pas enchanter le gouvernement chinois, qui a déjà plusieurs fois bloqué les autorisations nécessaires à sa construction. Les réticences des autorités de l'Empire du Milieu pourraient bien s'expliquer par une théorie économique hétérodoxe: l'«indice gratte-ciel», élaboré en 1999 par Andrew Lawrence, analyste chez Dresdner Kleinwort. Cet indice cherche à établir une corrélation entre la construction d'immeubles culminants et les cycles économiques. Les géants d'acier, dont se jetaient les spéculateurs ruinés par le cataclysmique jeudi noir de 1929, seraient le signe avant-coureur d'une période de récession.


      L'observation de 150 ans d'archives sur laquelle se fonde l'indice est effet troublante. Les constructions de l'Empire State Building (443 m) et du Chrysler Building (319 m) ont été lancées peu avant le krach de 1929, le Wall Trade Center inauguré en 1973, au cœur du choc pétrolier, ou encore les Tours Petronas à Kuala Lumpur en 1998 au moment de la crise de l'Asie du Sud Est.

      Expansion du crédit


      L'explication à ces coïncidences avancée par Andrew Lawrence s'applique particulièrement à l'Empire du Milieu. Selon l'analyste, le gratte-ciel serait le symptôme d'une propension au mal-investissement, à la spéculation et à la croissance monétaire. Or la Chine connaît actuellement une bulle immobilière sans précédent, qui a donné naissance à de véritables villes fantômes. Le même gouvernement qui s'inquiète des gratte-ciels protubérants a financé à hauteur de 2 trillions de dollars la construction de ces cités désertes. D'après le Wall Street Journal, les prix de l'immobilier de 100 villes chinoises représentatives ont augmenté de 7,9% en un an.
      D'après Lawrence, la construction de gratte-ciels est intimement liée à l'expansion du crédit, observée en Chine en 2008. Des taux d'intérêt au rabais entraînent de leur côté une hausse du prix des terrains constructibles, ce qui pousse à construire en hauteur pour minimiser les coûts. Ils engendrent également une expansion de la taille des entreprises, et donc un besoin en bureaux. Enfin, ils permettent d'investir dans des techniques de construction de pointe qui repoussent les limites physiques du bâtiment.

      Finalement, si la prédiction se réalise, la Chine pourrait bien revivre le mythe de la tour de Babel. D'après cette légende de la Genèse, alors que les hommes tentaient d'ériger une tour pour atteindre le ciel, l'ire divine s'abattit sur eux. Dieu interrompit le projet démesuré, brouilla leurs langages et les dispersa au travers du globe.

      Ainsi, ont fleuri dans la presse étatique des articles qui s'indignait des villes du pays engagées dans une course frénétique au gratte-ciel le plus haut. «Croire que la modernisation d'une ville dépend de la taille des gratte-ciels est une interprétation superficielle de l'urbanisation». martelait le Global Times, tabloïd de la République populaire. La presse a exprimé des réserves similaires vis-à-vis de la Shanghai Tower, la deuxième tour la plus haute du monde sur le point d'être achevée. En tout, 332 gratte-ciels seraient actuellement en construction en Chine.

      Il est vrai que l'observation historique, qui décortique 150 ans d'archives, sur laquelle se fonde l'Indice Gratte-ciel est troublante de coïncidences. Derrière cette constatation, une tentative d'explication économique qui dessert l'Empire du milieu. Le gratte-ciel ne serait qu'une manifestation particulièrement explicite d'une certaine propension au mal-investissement, à la spéculation et à la croissance monétaire. Or la Chine connait actuellement une bulle immobilière sans précédent, qui a donné naissance à de véritables villes fantômes. Le même gouvernement qui s'inquiète des gratte-ciels protubérants a financé à hauteur de 2 trillions de dollars la construction de ces cités désertes. D'après le Wall Street Journal, les prix de l'immobilier de 100 villes chinoises représentatives ont augmenté de 7,9% en un an.

      D'après Lawrence, la construction de gratte-ciels est intimement liée à l'expansion du crédit, observée en Chine en 2008. Une caractéristique des cycles économiques en particulier, identifiée par Richard Cantillon, pourrait expliquer la construction des gratte-ciels chinois: les taux d'intérêt au rabais. Ils entrainent une hausse du prix des terrains constructibles, ce qui pousse à construire en hauteur pour minimiser les coûts. Ils engendrent également une expansion de la taille des entreprises, et donc un besoin en bureaux. Enfin, ils permettent d'investir dans des techniques de construction de pointe qui repoussent les limites physiques du bâtiment.

      Finalement, si la prédiction se réalise, la Chine pourrait bien revivre le mythe de la tour de Babel. D'après cette légende de la Genèse, alors que les hommes tentaient d'ériger une tour pour atteindre le ciel, l'ire divine s'abattit sur eux. Dieu interrompit le projet démesuré, brouilla leurs langages et les dispersa au travers du globe.

      Source : leFigaro

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      • #78
        Super intéressant. Merci
        La crise est loin d'être finie si j'ai bien compris?

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        • #79
          Non mais c'est pas la crise en Chine actuellement. En revanche, le cycle économique tourne inévitablement tous les 30 ou 40 ans. La super puissance économique de demain pourrait très bien être africaine ou sud américaine.

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          • #80
            En tout cas je viens de me rendre compte de quelque chose, leFigaro n'as pas honte de se répéter pour grossir les paragraphes Il semblerai que si ce n'est une prolongation de la crise mondiale ( du faïte que les emprunts sont fait à certains banquiers chinois, ou alors au contraire, les emprunts s'annuleront puisque les créanciers eux-même seront en crise.....Je dois avouer que je ne connait pas les rouages économiques ), une crise de l'immobilier et de toute les secteurs que l'immobilier pourrai entraîner dans sa chute, le financier par exemple, donc une crise immobilière en Chine? Est-ce que cela peut être bénéfique pour nous, européens devant des comptes aux Chinois, peut-être que oui, peut-être que non.

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            • #81
              Envoyé par Saint-Michel Voir le message
              Super intéressant. Merci
              La crise est loin d'être finie si j'ai bien compris?
              Et bien dés lors où des bulles spéculatives se font, des crises sont à venir, c'est dans l'ordre des choses. Les chinois ont stimulés leur croissance avec une accélération titanesque dans le batiment, au point de faire n'importe quoi (enfin de ce qu'on en pense actuellement mais ça reste à voir sur le long terme, des grandes villes à l'intérieur des terre c'est pas si idiot que ça si on regarde la répartition démographique à risque en bordure de mer) et ça aboutit sur une bulle de l'immobilier.

              A dire vrai, si cette dernière peut demeurer inquiétante, j'ai plus de soucis sur la bulle spéculative autour de l'or, elle est discrète mais si ça va jusqu'au dérèglement on va vraiment avoir des problèmes!

              Envoyé par Madurk Voir le message
              Non mais c'est pas la crise en Chine actuellement. En revanche, le cycle économique tourne inévitablement tous les 30 ou 40 ans. La super puissance économique de demain pourrait très bien être africaine ou sud américaine.
              Non, il n'y a pas d'autres super puissance en devenir à l'heure actuel, ni en Afrique ni en Amérique du Sud. C'est que c'est particulier la géopolitique et si la Chine a su se hisser si haut, c'est comme pour l'Inde : Dé-mo-gra-phie et culture. Pour les prochains grand pays en terme de population (le Nigéria pour ne citer que lui) ça ne suffira plus à en faire des super puissance, pour les pays émergents d'amérique du sud, ils sont tellement sous tutelle USA en sous main que ça va être difficile de décoller, en Afrique ça ne décollera pas tout simplement.

              Les piliers de la puissance sont :
              - défense
              - démographie
              - culture
              - économie
              - géographie
              - politique

              Pour certains, être une puissance militaire/économique et culturel ne sera jamais à un niveau équivalent à une super puissance. Déjà, faut l'arme atomique, ça limite énormément la considération allouée
              Dernière modification par Aaltar, 19-08-2013, 09h39.

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              • #82
                Le Reaper va t-il devenir un avion de chasse ?



                General Atomics Aeronautical Systems Inc (GA-ASI) est en discussions avec Raytheon pour armer son drone MQ-9 Reaper avec des missiles AIM-9X Sidewinder de Raytheon, des AIM-120 Advanced Medium-Range Air-to-Air Missile (AMRAAM) et des AGM-88 High-Speed ​​Missile Anti-Radiation (HARM).

                « Nous n’avons pas l’intention d’effectuer des essais, mais nous faisons la revue de conception initiale, » a commenté le 15 Août Chris Pehrson, directeur du développement stratégique chez GA-ASI. « C’est juste une piste d’exploration ».
                Il a ajouté que l’entreprise utilise ses fonds internes pour équiper le MQ-9 d’un radar actif à balayage électronique (AESA), comparable à celui utilisé à bord des avions de combat les plus sophistiqués au monde.

                L’objectif principal du nouveau radar AESA sur le MQ-9 est d’éviter les collisions. C’est une préoccupation majeure pour les opérateurs de drones soucieux de se conformer aux réglementations américaines et internationales pour voler dans l’espace aérien civil. Cependant, les radars AESA offrent de nombreuses applications, y compris le ciblage des menaces air-air à la recherche de cibles au sol (aéronefs, missiles), et même un blocage des systèmes de l’ennemi.
                Armer le MQ-9 avec des missiles air-air et un radar AESA lui permettrait aussi d’éliminer d’autres drones et d’assurer une protection aérienne permanente pour des navires croisant dans le golfe Persique par exemple.
                Le MQ-9 possède 6 pylones sous ses ailes pouvant transporter 680,3 kg de charges, selon Chris Pehrso, ce qui est plus que suffisant pour des missiles air-air, ainsi que pour l’AGM-88 HARM, qui est utilisé pour cibler les systèmes de radar de défense aérienne.

                GA-ASI envisage aussi l’ajout d’une liaison 16*, ce qui permettrait au MQ-9 de transmettre le ciblage des coordonnées et des informations de position pour des chasseurs alliés à proximité. L’avantage de cette configuration est qu’un avion furtif comme le F-22 Raptor pourrait recevoir les coordonnées de ciblage du MQ-9, sans jamais être détecté par les radars ennemis.

                Notre avis :

                Le MQ-9 Reaper emporte déjà des missiles air-sol comme le AGM-114 Hellfire, des bombes guidées laser GBU-12 Paveway II, et des missiles air-air AIM-92 Stinger. La CIA l’opère notamment pour l’élimination à distance de terroristes au Moyen-Orient. L’ajout de missiles Sidewinder et d’un radar AESA élargirait son éventail de missions mais n’en ferait pas pour autant un avion de chasse. Sa faible vitesse (480 km/h) et son manque de maniabilité en font une proie facile pour les chasseurs de 4eme et 5eme génération. En décembre 2002, un mois avant le début de l’invasion américaine en Irak, l’US Air Force avait armé un MQ-1 Predator avec des missiles AIM-92 Stinger et l’a envoyé pour effectuer une reconnaissance sur la zone d’exclusion aérienne. Il avait été abattu par un avion de chasse MiG-25 irakien. Un Reaper n’aurait guère plus de chances de s’en sortir.

                * La Liaison 16 (L16) est un standard de liaison de données tactiques de l’OTAN pour l’échange d’informations tactiques entre des unités militaires.

                Source : info-aviation.com

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                • #83
                  Le bombardement de Hambourg

                  Deux centimètres de large et vingt-sept de long : une simple bandelette de papier recouverte d’aluminium ou d’étain, baptisée « Windows ». Cette nuit du 24 au 25 juillet 1943, c’était l’arme miracle. Lorsque les premiers avions de la Royal Air Force furent en vue des côtes allemandes, vers 0 h 30, les équipages se mirent à en jeter par milliers à intervalles réguliers. L’effet fut immédiat : alors que les radaristes de la Luftwaffe distinguaient clairement l’arrivée des premiers bombardiers ennemis, leurs écrans, brouillés, se mirent à scintiller de toute part. Le ciel du nord de l’Allemagne se remplit d’échos, aveuglant la défense aérienne. Ce que les servants de la « ligne Kammhuber » ne pouvaient pas voir, c’était une immense colonne de 792 bombardiers lourds, s’étendant sur 300 kilomètres et qui s’apprêtait à pénétrer dans l’espace aérien du Reich. Ils ignoraient aussi où elle allait, mais peu avant une heure du matin, lorsque les avions éclaireurs (Pathfinders) larguèrent leurs premières bombes lumineuses, rouges, vertes et jaunes, pour marquer la cible, il n’y eut plus de doute. En moins d’une heure, 2 284 tonnes de bombes incendiaires et explosives furent larguées sur Hambourg et son million et demi d’habitants(1).

                  Terrible mois de juillet pour le Reich ! A peine entamée, l’offensive contre l’Armée rouge à Koursk s’est enlisée et il a fallu arrêter les frais dès le 17, d’autant que les Alliés venaient de débarquer en Sicile. Et au soir de ce 24 juillet où Mussolini a été déposé, la Luftwaffe assiste impuissante à la destruction de la deuxième ville d’Allemagne.

                  Ce n’est pas fini : les Britanniques reviennent trois jours plus tard, puis le surlendemain et encore trois jours après. Quatre raids massifs en dix jours. Sans compter que le Bomber Command de la RAF se partage le travail avec la 8e Air Force américaine. Les premiers opèrent de nuit, les seconds de jour. C’est ce que les aviateurs appellent les bombardements « Around the clock », en continu. Une stratégie décidée en janvier précédent lors de la conférence de Casablanca et mise en œuvre par la directive Pointblank, qui vise à disloquer la machine de guerre allemande par des bombardements massifs. Les Américains n’en étant qu’à leurs toutes premières armes, leur participation à la destruction de Hambourg resta très modeste.

                  Hambourg est en effet détruite. La cité hanséatique a reçu plus de 8 500 tonnes de bombes. Selon des études récentes, 42 600 personnes ont été tuées et 37 000 blessées. Tout est complètement désorganisé. Lors du deuxième bombardement nocturne, dans la nuit du 27 au 28 juillet, le temps chaud et sec a provoqué un phénomène jusqu’alors inconnu : une tornade de feu. Un rapport allemand décrit l’horreur : « Par la réunion des foyers d’incendie, l’air devient si chaud qu’en raison de la diminution de son poids spécifique, il exerce une sorte de succion de l’air environnant vers le centre… » Tout, y compris les habitants, est littéralement aspiré vers le brasier.

                  Le choc psychologique est énorme. La Luftwaffe de Goering, matamore baroque et incompétent, vient de faire la preuve de son impuissance. Le ministre de l’Armement Albert Speer prévient Hitler : « La poursuite de ces attaques pourrait entraîner une fin rapide de la guerre. » Dans ses mémoires, l’as de la chasse Adolf Galland écrira qu’à partir de ce moment, les responsables se mirent à penser que « la guerre était perdue ».

                  Hambourg n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. Depuis mars 1943, les Alliés attaquaient la Ruhr, le cœur industriel du pays. Mais pour massifs qu’ils aient été, ces bombardements restent dispersés sur une vaste région. En mai, la RAF était allée y détruire deux barrages, avec des bombes ricochant sur l’eau… Des inondations catastrophiques résultèrent de cette incroyable opération dont sera tiré le film Les Briseurs de barrage.

                  Des pertes énormes. La destruction de Hambourg ne fut que l’ouverture d’un terrible été. Le 17 août, l’US Air Force s’enfonçait très profondément en Allemagne, jusqu’en Bavière, pour y détruire des usines d’aviation et de roulements à billes à Schweinfurt et Ratisbonne. Au prix de pertes considérables : 60 forteresses volantes B-17 furent abattues sur les 376 engagées. Au soir de ce raid, les Britanniques s’en prirent à une autre cible stratégique, la base d’essais de Peenemünde, sur les rives de la Baltique, où les savants allemands mettaient au point leurs nouveaux missiles V-1 et V-2. Là encore, les destructions furent considérables, ralentissant de plusieurs mois, leurs mises en service. Devant l’ampleur de la catastrophe, le chef d’état-major de la Luftwaffe, le général Hans Jeschonnek se suicida le 18 août.

                  Depuis lors pourtant, le bombardement stratégique n’a cessé d’être contesté, non seulement au plan moral, mais pour son efficacité même. Certes, il ne permit pas à lui seul de gagner la guerre, comme le prétendaient ou l’espéraient ses maîtres d’œuvre. Loin de l’image de civils livrés à l’attaque d’aviateurs protégés par l’altitude, les pertes du Bomber Command furent supérieures à celles des combattants au sol : 55 000 morts sur 125 000 personnels engagés, soit un taux de perte de 45 % !

                  Inefficace ? Les recherches les plus récentes, comme le livre d’Adam Tooze sur l’économie nazie(2), démontrent le contraire : à partir du mois de mai, les attaques aériennes de 1943 ont brisé net la croissance de la production d’armements relancée par Albert Speer début 1942. Imaginons simplement ce qu’il se serait passé s’il n’y avait pas eu de bombardements stratégiques : l’industrie allemande aurait tourné à plein régime et les moyens considérables, en hommes et en équipements (avions, canons, radars), mobilisés pour la défense du Reich auraient pu l’être ailleurs, c’est-à-dire face aux armées alliées. Pour celles-ci, les victoires de 1944, en Normandie et sur le front de l’Est auraient été beaucoup plus difficiles.



                  (1) Le livre de référence est Martin Middlebrook, The Battle Of Hamburg, Penguin, 1984. Lire aussi l’article de l’historien français Patrick Facon dans Le Fana de l’Aviation, août 2013.

                  (2) Adam Tooze, Le salaire de la destruction, Les belles lettres, 2012.

                  Source : blog secret défense

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                  • #84
                    Le choc des titans à Koursk

                    Le front de l’Est est calme. Depuis le mois d’avril, aucune grande bataille n’a opposé la Wehrmacht et l’Armée rouge qui se font face sur 2350 kilomètres, du golfe de Finlande à la mer Noire. C’est la première fois depuis le début du conflit, deux ans auparavant. Les deux armées pansent leurs plaies. Durant l’hiver, les Allemands ont été défaits à Stalingrad puis ils ont dû évacuer le Caucase. L’Union soviétique a perdu des millions d’hommes.

                    A 400 km au sud de Moscou, la ligne de front prend une forme bizarre. Là, sur 200 km, l’Armée rouge a avancé plus loin qu’ailleurs, sur une profondeur d’environ cent kilomètres. Cette hernie, enfoncée dans les flancs de l’armée allemande, constitue le « saillant de Koursk ». Il va être le théâtre de l’une des plus grandes batailles de l’histoire.



                    Perdue par l’Allemagne en juillet 1943, cette bataille constitue l’un des éléments de la défaite définitive du Reich il y a soixante-dix ans. Car à partir de cet été 43, les jeux sont faits. Les Alliés et les Soviétiques savent qu’ils ne peuvent plus perdre la guerre. Ce n’est qu’une question de temps… et de millions de morts. La Seconde Guerre mondiale a basculé.

                    Sur une surface équivalente à quatre départements français, le saillant de Koursk étend ses surfaces planes, parfois légèrement bosselées, à peine entrecoupées de quelques petites rivières. Un terrain de manœuvre idéal pour des armées. Au centre, la ville de Koursk libérée en février, après 15 mois d’occupation allemande.

                    L’idée des Allemands est simple. Pour réduire la longueur du front, il faut supprimer ce saillant. Cela permettra de libérer des effectifs dont le Reich manque cruellement. Car la Wehrmacht ne se bat pas qu’à l’Est. Elle doit occuper l’Europe entière et, au mois de mai, elle a essuyé une grave défaite face aux Alliés qui l’ont définitivement expulsée d’Afrique du Nord. A Berlin, on devine que de nouvelles opérations se préparent à l’Ouest.

                    Supprimer le saillant de Koursk est une opération à la portée de l’excellence militaire allemande. Les généraux engagés dans l’opération Zitadelle sont les meilleurs, Walter Modell et Erich von Manstein. Son matériel est de première qualité, notamment les nouveaux chars Panther et Tigre. Ses soldats sont combatifs. Certes, l’état-major est divisé et certains généraux, comme Guderian, jugent l’affaire trop risquée. Mais le meilleur historien de la bataille, Jean Lopez (1) estime aujourd’hui que « les chances de réussite n’étaient pas nulles » et que cette opération était même « la seule possible » dans les circonstances.

                    Le plan des Allemands consiste à prendre le saillant en tenaille avec deux pinces formées de divisions blindées, par le nord et par le sud. En face, les Russes piaffent d’impatience. Fidèle à la vieille doctrine militaire bolchévique, Staline ne rêve que d’offensive et il faut toute l’opiniâtreté du maréchal Joukov pour le convaincre d’adopter le principe de la « défense stratégique ». C’est-à-dire d’attendre l’attaque allemande et de « laisser l’ennemi s’épuiser sur nos défenses et détruire ses chars » comme il l’écrit à son maître.

                    Au prix d’un labeur colossal, en quelques mois, les Soviétiques transforment le saillant en une gigantesque forteresse, avec ses huit lignes de défense successives, parsemées de mines, tranchées, blockhaus, barbelés… On estime qu’un million de mines ont été posées. Les Soviétiques utilisent sans compter la « maskirovka », l’art du camouflage et de la tromperie. Deux généraux également remarquables assureront la défense, Constantin Rokossovski, au Nord, et Nikolaï Vatoutine, au Sud.

                    Le 5 juillet 1943, les Allemands attaquent, sans bénéficier, c’est le moins que l’on puisse dire, de l’effet de surprise. Comment les Russes ont-ils percé les intentions de leur ennemi ? Le débat fait toujours rage entre spécialistes, certains évoquant un espion soviétique, « Lucie », dans l’état-major allemand, d’autres privilégiant des informations transmises par les Britanniques, via le réseau de décryptage Ultra. Mais la source la plus importante semble être le travail classique de renseignement, avec des écoutes, des vols de reconnaissance et des équipes de partisans sur les arrières. En revanche, les Allemands n’ont pas bien mesuré l’importance des défenses qu’ils allaient devoir affronter.

                    Les historiens ont souvent parlé de la plus grande bataille de chars de l’histoire. Huit mille blindés sont engagés de part et d’autre. Mais c’est oublier qu’elle fut peut-être également l’un des plus grands affrontements aériens avec 5000 avions ! Un chiffre sans équivalent, même pendant la bataille d’Angleterre. Avec les forces de réserve et la logistique, ce sont plus de 2,5 millions d’hommes jetés dans la fournaise.

                    Il faut moins de deux semaines pour que l’offensive échoue, d’abord au Nord, puis au Sud. Les combats se poursuivront jusqu’au 20 août, mais dès le 17 juillet, l’affaire est entendue. L’opération Zitadelle est un échec. Les Allemands ne parviennent pas à percer les défenses soviétiques. Les pertes (morts, blessés, disparus, prisonniers) sont considérables : 860.000 hommes pour les Soviétiques, 250.000 chez les Allemands. Toutefois, le rapport entre ces chiffres est trompeur, car les premiers disposent de réserves importantes contrairement aux seconds. « Après Koursk, les effectifs allemands sur le front de l’Est ne vont plus cesser de décliner, assurant aux Soviétiques une supériorité croissante », constate Jean Lopez.

                    Bataille importante, Koursk n’est pourtant pas une bataille décisive, car la guerre moderne a fait disparaître cette idée, valable au temps de Napoléon, selon laquelle le sort d’un conflit pouvait se décider au cours d’un seul affrontement, aussi titanesque fût-il. Ce sont des systèmes militaires, économiques, politiques qui s’affrontent, plus seulement des armées. Et le plus puissant, le plus résilient l’emporte.

                    Ce qui se joue militairement à Koursk, c’est la perte de l’initiative pour les Allemands sur le front de l’Est. Pour la dernière fois, ils ont pu décider d’attaquer. Désormais, et jusqu’en mai 1945, «la Wehrmacht ne peut plus que parer les coups ». « Côté soviétique, assure Jean Lopez, l’on peut parler de basculement psychologique. La peur de l’Allemand a disparu. »

                    (1) Jean Lopez, « Koursk » Economica,
2

                    Source : blog secret défense

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                    • #85
                      Curieux, le récit est précis et intéressant mais à aucun moment il n'est question de 20 000 pièces d'artillerie russe qui on sérieusement fait pencher la balance... j'en profite alors pour apporter la petite précision qui n'est pas des moindre. Les témoignages des survivants de Koursk parlent tous de la totale incapacité pour l'infanterie d'être déployé de manière efficace sur le terrain avec ce déluge de feu permanent qui venait de toutes les direction. Je n'ai d'ailleurs jamais autant saisi l'impact que pouvait avoir les orgues de Staline que dans ces impressions de chaos. Les hommes ne savaient plus ou aller, totalement désorienté par le déluge qu'une section de baterie pouvait déverser. L'avantage d'artillerie est indéniable sur cette bataille et a joué un rôle capitale dans la bataille engagée.
                      Dernière modification par Aaltar, 23-08-2013, 08h31.

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                      • #86
                        Très intéressant tout ça . Effectivement on associe la bataille de Koursk à "la plus grande bataille de chars de l'histoire", mais pour le coup je ne savais pas qu'il y avait eu autant d'avions. D'ailleurs j'ai lu très peu de choses sur l'aviation soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale.

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                        • #87
                          L'escadron de chasse français Normandie-Niemen y a participé.

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                          • #88
                            Oui, j'étais aussi surpris par l'aviation que je ne connaissais pas si abondante lors de cette bataille.

                            Ce qui est stupéfiant aussi c'est le bilan : "les pertes sont considérables : 860.000 hommes pour les Soviétiques, 250.000 chez les Allemands". On a souvent la victoire humainement couteuse chez les russes...

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                            • #89
                              Ben en même temps il s'agissait de la tactique vague humaine... Les soviétiques comptaient beaucoup sur le courage de leurs hommes de troupes. Mais pour une bataille plutôt défensive de la part des soviétiques, l'écart est effectivement énorme.

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                              • #90
                                Les soviétiques comptaient beaucoup sur le courage de leurs hommes de troupes
                                Bah c'est sûr, tellement qu'il y a eut l'ordre n° 227 :

                                WIKIPEDIA

                                L'Ordre n°227 du 28 juillet 1942 signé par Joseph Staline agissant en tant que Commissaire du Peuple à la Défense, visait à interdire toute retraite sur le champ de bataille.

                                Il est également connu par son slogan « Pas un pas en arrière ! » (Ни шагу назад!, Ni shagou nazad).

                                Il a été publié 2 jours après l'annonce à la presse de la chute de Rostov et de Novochercassk, qui avait eu un fort retentissement dans l'opinion soviétique.

                                Les commandants militaires ne pouvaient effectuer de retraite sans ordre, sous peine d'être traduits en Cour martiale.

                                Cet ordre imposait également que chaque Front crée de un à trois bataillons disciplinaires (штрафбат, штрафной батальон, chtrafbat, chtrafnoï batalion) composés de condamnés. Ces unités se voyaient assigner les tâches les plus dangereuses.

                                Il imposait également la création, au sein de chaque Armée de trois à cinq Unités de barrage (заградотряд, заградительный отряд, zagradotriad, zagraditelny otriad) fortement armées, chargées de tirer sur les troupes qui reculeraient.

                                Le préambule de l'ordre indiquait que ces deux mesures avaient été utilisées avec succès par les Allemands pendant leur retraite l'hiver précédent.

                                Ces mesures n'étaient pas nouvelles dans l'armée soviétique : les bataillons disciplinaires existent depuis juillet 1941, les unités de barrage depuis septembre 19411, elles sont simplement systématisées, donnant notamment plus de pouvoir à l'encadrement militaire.

                                Près d'un tiers du texte est consacré à décrire l'état dans lequel l'invasion allemande a plongé le pays, tant au niveau militaire qu'au niveau économique. Staline dresse un tableau très noir, loin des clichés de la propagande, c'est là que réside la principale nouveauté de ce texte.

                                Le texte a été largement diffusé, il a été demandé à tous les officiers de certifier par écrit en avoir lu et compris le contenu, les commissaires politiques l'ont lu à toutes les troupes, des mesures ont été prises pour qu'il soit lu même dans les hôpitaux.

                                Si on fait abstraction de son aspect répressif et militaire, son contenu et sa large diffusion en font une sorte d'équivalent du discours "du sang et des larmes" de Winston Churchill2.
                                Cet ordre n'était pas destiné à la publication, il n'a été rendu officiellement public qu'en 1988

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