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  • Les contes de l'apocalypse





    A quelques jours de la sortie de Total War: Attila, voici quatre petites histoires pour vous mettre dans l'ambiance du jeu.


    *
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    L’apocalypse au sud



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    Comme les hivers s’allongeaient et empiétaient sur les récoltes des populations, les peuples de l’Europe de l’Est ont commencé à traverser l’Europe jusqu’à atteindre le sud à la recherche de terres plus fertiles où s’y établir. Tous n’y ont pas trouvé la prospérité qu’ils cherchaient…

    Nous sommes sur la route aujourd’hui. Nous sommes démunis et faibles.

    Deux d’entre nous sont partis lorsque les cultures se sont flétries, et seize sont restés. Quitter notre foyer et laisser nos parents derrière nous étaient insoutenables, mais notre maigre stock de ressources ne pouvait nourrir que la moitié du village. Comme je suis l’homme le plus important de la tribu, la décision me revenait. Et donc, nous nous frayons désormais un chemin vers le sud.

    Nous mesurons le temps qui s’écoule non pas par l’ascension et le coucher du soleil, mais par le nombre de repas que nous demandons à d’autres lorsque nous approchons de leur camp, et ces moments sont précieux. En vérité, nous rendons grâce à Dieu de ne pas être tout simplement refoulés par la pointe d’une lance.

    Le voyage n’a pas été calme.

    Des bandits nous ont attaqués dans la forêt et sept des nôtres sont tombés sous leurs lames. Quand ils ont réalisé que nous n’avions rien, ils en ont tués deux de plus par pur méchanceté puis ils sont repartis. Ils portaient l’armure et l’uniforme des soldats romains, mais nous avons entendu aucune clameur, nous n’avons pas vu de fumée, aucun signe d’aucune sorte pouvant indiquer qu’une armée se trouvait à proximité.

    Neuf ont succombé d’une quelconque maladie de chair, parmi eux mon fils Hercynius. Il recevait la portion du guerrier à chaque repas, mais cela n’a fait aucune différence. Il tremblait et il gaspillait, et un jour il ne s’est pas réveillé. Le sol est dur et froid, et nos forces si faibles, nous ne pouvons même pas l’enterrer. Il se trouve maintenant sous un buisson de sorbe, un parfait repas pour les bêtes. C’est un signe des temps mauvais qu’un père ne puisse pas honorer son fils dans la mort.

    Six d’entre nous ont tout simplement disparu dans la nuit. Ils ne sont pas revenus.

    Hier, nous sommes arrivés à la ville de Casurgis. Alors que nous approchions, nos espoirs de salut ont été anéantis lorsque nous avons aperçu une grande foule poussant mollement devant les portes, mendiant pour entrer. Il y en avait des centaines. Maigre, faible, pathétique, un rassemblement de fantômes. Les soldats sur la palissade les regardaient avec des visages de pierre. Peut-être qu’ils ont faim eux aussi…

    Nous sommes démunis et faibles. Et donc nous nous dirigeons vers le sud, sans savoir ce que le sort nous réservera.


    *
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    Profits






    La ville de Ctésiphon était le cœur de l’Empire Sassanide et le centre d’un vaste nœud commercial. Les biens affluaient le long de la Route de la Soie depuis la Chine et l’Inde, puis étaient dispatchés vers l’Arabie, l’Afrique du Nord et l’Europe Occidentale. Mais on ne trouvait pas que des objets de luxe lors du passage de ces caravanes.

    « Katlego, mon vieil ami ! S’il te plaît assieds-toi, assieds-toi ! Tu veux un peu de thé ? J’ai ce nouveau mélange remarquable, tout droit venu de Chine. Il est sombre comme de la poix et plus vivifiant ! Et tu dois absolument goûter l’une de ces dattes, fraîches de Syrie : la chair en est exceptionnellement douce et sucrée. On me dit que ces palmiers-là consomment plus d’eau que la variété habituelle de dattes, ce qui explique leur texture fondante ! »

    « Et parle-moi de tes femmes et tes enfants, à Dimmidi, ils se portent tous bien ? Que Spenta Mainyu leur accorde la santé et le bien-être éternels. Moi je vais bien merci, et pourquoi devrait-il en être autrement en ces temps d’abondance ? En vérité, nous sommes des hommes bénis des Dieux, car c’est avec beaucoup de fils que nos fortunes sont assurées. »

    « J’ai été très content de te vor Katlego, cela m’a fait grandement plaisir d’entendre parler de l’expansion de ton réseau commercial. Tu dois contrôler des routes caravanières de la Mauritanie à l’Égypte maintenant non ? Certains pourraient penser que tu as l’ambition de bâtir un empire ! Et ce serait amplement mérité. Tes caravaniers doivent sûrement être des hommes robustes pour traverser les grandes terres désertiques du Sahara et en sortir indemne. Et sans ces caravaniers, où en serions-nous, hein ? »

    « Je sais maintenant que je vous ai fait venir de très loin mon ami, mais Ctésiphon a beaucoup de choses à t’offrir, comme tu t’en rendras vite compte. Mai maison est la tienne et n’hésite pas à m’informer de tes besoins ou tes désirs. Visite les bazars et apprécie nos biens : les vêtements et les épices, les peaux et les fruits, l’or et les bijoux. Tout cela afflue vers la ville Katlego ! Même des armes... »

    « Ah, là maintenant je devine sur ton visage un réel intérêt pour ce lieu. Nous avons tous connaissance des troubles à Ravenne, ou les difficultés auxquelles doit faire face Constantinople hein ? A quelle époque vit-on… Je n’ai jamais connu une telle demande pour de simples lames ou lances ! Ils sont nombreux à espérer voir le vieux loup enchaîné, avec des chaînes forgées en fer, tu ne trouves pas ? »

    « Oui, je pense qu’il y a beaucoup de choses que nous pouvons t’offrir Katlego, ainsi qu’à tes clients en Afrique. Viens maintenant, je vais te présenter à de très bons amis… »


    *
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    Vieux chiens






    Au cours du Vème siècle, l’Empire Romain d’Occident s’est de plus en plus appuyé sur les mercenaires et les Foederati, des barbares payés par Rome pour assurer la protection de ces frontières. Comme Rome était à découvert, la loyauté facilement achetée se perdait d’autant plus facilement…

    La brillance de votre cotte de mailles témoigne de sa qualité réelle fils. Quand a-t-elle été réalisée ? Un ou deux mois tout au plus ? Je parie qu’elle va te causer quelques bosses avant que l’impie hun ne l’enfonce.

    Je ne prends plus part à ces jeux de soldats maintenant. Lors de la dernière bataille à Carthaginensis, j’ai vu le grand gâchis que tout cela causait. Je combattais du côté romain, même si on ne peut pas dire que c’était vraiment un combat en règle, et je ne suis de toute façon pas ce qu’on appellerait un bon romain. J’ai servi pendant des années et pas toujours du côté des vainqueurs, mais jamais je n’ai vu quelque chose comme ça. Quand les navires Wisigoths se sont rassemblés près des côtes à la vue de la flotte romaine, j’ai pensé que le vieux Majorien ferait dans son froc. Le reste de la troupe n’était pas non plus très heureux de les voir arriver.

    Majorien n’était pas trop mal pour un noble. Il avait l’idée qu’il pourrait pacifier à nouveau les terres à l’Ouest de Rome, et donnant-donnant, il s’est pris une grosse claque dans la tronche. Mais nous savions que l’atmosphère était pourrie ici depuis quelques années. Les évêques gaspillaient allègrement l’argent, les problèmes s’accumulaient aux frontières, et avec toute cette instabilité, devenir soldat semblait être un bon métier pour vivre. J’avais un peu d’entraînement et un bras fort et j’ai envoyé ma part d’ennemis dans l’au-delà. Mon vieux m’a donné son arme quand son temps est venu, et je l’ai toujours entretenu et aiguisée comme il me l’avait enseigné. Nous avons utilisé quelques frondes aussi, et je vais te montrer comment on fait cela correctement, je peux voir que tu es bon pour cela gamin.

    J’ai été un soldat juste et j’aurais sans doute pu tenir le coup encore un peu plus longtemps, même si le salaire a commencé a diminué. Mais lorsque les Vandales se sont mis en travers de notre route, je savais que les dés étaient jetés et qu’il était temps de plier bagages. Foutez-moi sur un navire et je me battrai aussi bien que n’importe quel homme sur la terre, mais Carthaginensis n’était pas une bataille conventionnelle. C’était un massacre.

    Nous nous sommes rassemblés sur le pont comme leurs navires ramaient autour de nous, mais ces bâtards n’ont même pas essayé de nous éperonner. Ils ont juste voulu nous isoler, pointaient sur nous un ensemble de tuyaux en bronze et ont pulvérisé notre pont avec leurs tirs. Ce n’était pas liquide, ça ne semblait pas naturel, ça collait partout et brûler les hommes où qu’ils soient. Comment est-on supposé combattre contre du feu liquide ? Avec une épée et un bouclier ? Cette jolie armure ne t’aurait pas sauvé fils…

    Si l’Enfer existe, je pense qu’il ressemble à Carthaginensis. Les hommes hurlaient comme s’ils étaient brûlés vivants tandis que l’air ambiant s’épaississait d’une fumée grasse. On sentait comme une odeur de porc rôti à la broche. Vous étiez affamé et malade en même temps. Le mal a l’état pur… Des cordes sont tombées sur le pont alors que les voiles étaient descendues, et dans tout ce chaos, il n’y avait aucune cible en vue sur laquelle diriger notre épée.

    Ceux d’entre nous qui savaient nager ont abandonné leur équipement puis ont plongé et ont regagné la côte. Le meilleur mouvement que je n’ai jamais fait.

    Non, c’en est fini de la vie de soldat pour moi. C’est diabolique et corrompu, tout comme le reste du monde, et j’aimerais tenter ma chance sur les routes. Alors bonne chance à toi, fiston.

    Tu sembles un peu pâle, je peux finir ta bière ?


    *
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    Le calme






    Comme le contrôle des Romains en Grande-Bretagne a décliné, de nombreuses tribus d’Europe du Nord y ont vu l’opportunité pour s’étendre et s’adonner au pillage. Ceux originaire du Jütland étaient des marins hardis et des pilleurs accomplis…

    Brynjar s’accroupit en bordure de la forêt pour inspecter la ville devant. Il ferma ses yeux pour savourer les riches arômes du pain chaud et de la viande en train de rôtir dans l’air froid de la nuit. Il sait que ses hommes feront la même chose ; la traversée depuis le Jütland fut glaciale et perfide, et un ventre plein sera une juste récompense pour leur travail.

    Les hommes étaient bien disciplinés. Il n’y avait aucun bruissement, aucun craquement de brindilles alors que 200 guerriers armés restés accroupis, patients, telles des statuts, serrant leurs haches, prêts. Brynjar ressentait une grande fierté qui gonflait dans sa poitrine et qui le réchauffait.

    Les dieux, nous leur devrons la victoire ce soir. Le pillage de la dernière ville avait affaibli la troupe : les chiens avaient senti notre odeur et l’alarme avait pu être donnée. Les habitants étaient également bien préparés ici et Brynjar espionnait les nombreux gardes armés que l’on pouvait distinguer grâce à leur torche. Il pesait la situation, la jugeant insatisfaisante, puis il se retira avec ses guerriers. Cela n’avait aucun sens de revenir à la maison avec une soute pleine mais seulement la moitié de l’équipage…

    Cette ville était plus petite. Même s’ils étaient repérés pendant qu’ils avanceraient, Brynjar favorisaient ses chances. Les habitants n’offriraient aucune résistance, il n’y aurait pas de sang qui coulerait inutilement. Les gardes seraient traités séparément bien évidemment et une fois les gens de la ville rassemblés, ses hommes pourraient s’emparer de leurs biens et objets de valeur qu’ils transporteraient jusqu’aux bateaux, puis ils partiront comme ils étaient arrivés, sous le couvert de l’obscurité.

    Brynjar sentit une présence à ses côtés et se retourna pour voir son frère Fritjof qui s’accroupit, une interrogation visible sur son visage. La faible lueur des reflets des feux de la ville dans ses yeux.

    « C’est bon, je pense ? » chuchota Fritjof. « Pas de chiens aujourd’hui, hein. Les habitants seront repus et nonchalant suite à leur repas du soir. Nous devrions frapper maintenant, avant que la nuit ne se soit écoulée trop vite. »

    Brynjar sourit. Son frère avait raison bien sûr. Entre son sens aigu du timing la loyauté indéfectible de ses hommes en son commandement, ne pourrait-il pas mener mille guerriers au combat ? Dix mille ? Cela fonctionnait pour les Romains pensa-t-il… Mais la chute de l’aigle ne faisait que commencer et le ventre-mou de la Britannia était notre à présent, et nous pouvions la piller comme cela nous le plaisait.

    Brynjar hocha la tête en réponse à son frère.

    « Donne l’ordre ».



    Source
    Dernière modification par Le-Nain, 11-02-2015, 23h13.

  • #2
    Excellent récits, petite préférence pour le dernier.
    Dernière modification par Chiefs, 12-02-2015, 10h55.

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    • #3
      J'ai oublié de mettre la source : http://wiki.totalwar.com/w/The_Tales_of_the_Apocalypse

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