X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • [Récit] Chroniques irlandaises

    Parce que ça faisait un bout de temps que j'avais envie de mettre en plume quelques aventures sur CK2.

    Parce que l'Irlande c'est cool, y a des guiness.

    Parce que y a de la fourberie et des trucs qui méritent d'être narrés, voici les Chroniques Irlandaises !

  • #2
    Il n'est pas facile de dater avec exactitude l'arrivée des premiers membres de la famille Ua Neill Noigiallaich au nord de l'Irlande. Il semblerait toutefois qu'un certain Niall rassemble assez d'autorité au milieu du V° siècle pour être élu chef de la tribu de Tir Eoghain. La charge devenant rapidement héréditaire, l'histoire des Noigiallaich peut commencer.

    C'est un chef qui portait le même patronyme que son ancêtre, Niall, qui posera les bases de l'unification irlandaise.



    Niall Ua Neill Noigiallaich, dit Niall le Juste

    718, (722), 782


    Très peu d’éléments sur le règne de Niall le Juste avant 770 nous sont parvenues. On sait qu'il règne sur la tribu de Tir Eoghain, qui n'est à ce moment qu'un amas de villages sans grand autre dénominateur commun que la langue et la religion catholique.

    Niall passe pour un souverain volontiers cruel, n'hésitant pas à faire donner le bâton à ses serviteurs pour des broutilles, très envieux de ses voisins, disposant de terres plus riches, et dévoré par l'ambition.

    C'est toutefois un homme faisant preuve d'une grande justice, ayant parfois pris la défense des paysans face à ses propres vassaux, s'appuyant sur la loi, et d'une extrême patience, ce qui peut expliquer qu'il ait attendu près de quarante ans avant de déplacer ses pions.

    Lorgnant sur la tribu voisine d'Ulaidh, il fait exhumer une vieille prétention territoriale, et déclare la guerre en 770. Les deux tribus, à égalité, mobilisent chacune quatre cents guerriers.
    Meilleur tacticien que son adversaire, Niall accule l'armée adverse aux falaises et la taille en pièces. Il se fait couronner chef de la tribu d'Ulaidh suite à la bataille.

    La même manœuvre politique à lieu six ans plus tard, à l'encontre de la petite tribu de Tir Chonaill. Cette fois ci, les armées de Niall, renforcées par les ulaid, l'emportent avec une grande aisance.

    En moins de dix ans, le chef de Tir Eoghain a donc triplé le territoire de sa tribu, et tout laisse à penser que le reste de l'irlande du nord est au programme de son plan de conquête.

    Néanmoins soucieux de stabiliser ses territoires, Niall se fait couronner «grand chef» en 781, un an avant sa mort, à 64 ans.

    Dans le futur, aucun autre Noigiallaich ne parviendra à agrandir le domaine clanique aussi rapidement.




    Dernière modification par Code 44, 12-02-2015, 18h33.

    Commentaire


    • #3
      Aèd Ier Ua Neill Noigiallaich

      760, (782-797), 807






      Couronné grand chef des Tir Eoghain suite au décès de son père, Aèd I n'était pas forgé du même moule que son géniteur. Alors que Niall le Juste était respecté par les autres clans en raison de sa vision politique, et son habileté martiale, son fils était sensiblement paresseux, préférant passer ses journées à l’intendance plutôt que dans la salle du trône.

      Vu comme un mou par plusieurs de ses vassaux, cela poussa le chef Dommall mac Aèd, un de ses barronets à comploter contre lui. Les espions de la cour le découvrirent et le grand chef ordonna que l'on se débarrasse secrètement de lui. Par un incroyable coup du sort, Dommall mac Aèd échappa à tous les attentats organisés contre lui, jusqu'à ce qu'un assassin ne l'élimine en 791, soit près de dix ans après l'ordre du grand chef !

      Cette réputation de piètre conspirateur nuit encore à l'image d'Aèd I.

      Poussé par ses conseillers, Aèd I entreprit de poursuivre l’œuvre de son père, et attaqua la tribu de Connanchta, qu'il vainquit et annexa en 783. Trois ans plus tard, il épousa en seconde noces la comtesse Wulfwyn de Lincoln, recevant en dot des possessions sur la côte est de la Grande Bretagne.

      Aèd réussit un grand coup politique en mariant sa fille Ite, tout juste nubile, au roi des francs Autgeri, fils et héritier de Charlemagne. La maladie emporta les deux époux dans la mort presque aussitôt, fossoyant les projets d'alliance d'Aèd I.

      Incapable de se défaire de son image de monarque faible, Aèd doit faire face à des intrigues de plus en plus poussées, dont celle de sa belle-mère, sœur du roi des lombards. L'ère des complots culminera en 797, quand Aèd découvre que son demi-frère Conall soutient toujours les intrigues de sa mère, réfugiée à Pavie.
      Le grand chef somme son cadet de s’amender, ce dernier refuse. L'arrestation de Conall échoue, et ce dernier entre ouvertement en rébellion contre Aèd I.

      Signe le plus tangible du peu d'amour porté au grand chef, seule la tribu des Tir Eoghain répond à l'appel d'Aèd. Les autres guerriers proclament leur neutralité, voire, rejoignent la fronde.
      Rallié par les seigneurs du sud de l'île, Conall est un adversaire trop puissant pour Aèd I qui abdique en faveur de son fils Lennan en 797.

      Redevenu simple homme de cour, Aèd Noigiallaich mis ses amours de jeunesse en pratique en devenant l’intendant d'un des vassaux de son fils.
      Toujours profondément méprisé par la cour, Aèd sera assassiné dix ans plus tard, dans l'indifférence générale.

      Commentaire


      • #4
        Lennan Ier Ua Neill Noigiallaich dit Lennan le Cruel, ou le Crépusculaire

        780, (797), 840



        Arrivé au pouvoir par la fronde, couronné par son oncle Conall (lequel sera remercié par le jeune monarque par le maréchalat des armées, ce qui a conduit certains historiens à se demander si la révolte de Conall n'était pas soutenue par le dauphin), Lennan a dix-sept ans à son ascension au trône.

        D'une grande beauté, extrêmement sociable, Lennan compte bien faire oublier l'image terne du règne de son père. Il commence par prendre deux concubines et une maîtresse, alors même que ses fiançailles avec Marie, sœur du roi des pictes ne sont même pas annoncées. Toute sa vie, Lennan multipliera les aventures, quittant parfois des conseils tribaux ou des sièges pour aller courir le jupon. Certaines théories aujourd'hui, supposent que le monarque était atteint de satyriasis.

        En 805, la tribu de Mide, qui occupait à peu près le centre de l'Irlande actuelle, déclare la guerre au clan Noigiallaich. Pour la première fois depuis Niall le Juste, la tribu de Tir Eoghain ne dispose plus d'un avantage numérique, et au bout de deux ans de guerre, les troupes de Noigiallaich sont au bord de la défaite.
        Les plus superstitieux à la cour, avancent la possibilité d'une malédiction, les années se finissant par 7 signifiant immanquablement la chute du monarque Noigiallaich.

        Pour autant, sur les conseils de ses maîtresses, Lennan I joue son va-tout*: il vide les caisses de la tribu et achète les services de la bande saxonne, une compagnie de mercenaires renommée.
        Le grand chef sait qu'il joue là une carte à double tranchant*: si les saxons renversent la vapeur et reprennent le dessus sur la tribu de Mide, le trésor de Tir Eoghain est quasiment épuisé. Et Lennan sait trop bien que les spadassins n'hésiteraient pas à rejoindre l'ennemi s'il honore pas leur solde.

        Se produisit alors ce que les chroniqueurs nommèrent le miracle d'Andromède, en référence aux chaînes du personnage mythologique. Un des seigneurs de Mide fut capturé lors d'une bataille, et échangé contre une raisonnable rançon. Cela permit de prolonger le contrat des saxons, et de remporter la guerre.

        Victorieux, quoiqu'épuisé par le conflit, Lennan décida de remettre à plus tard sa vengeance sur la tribu de Mide, et de se concentrer sur la reconstruction de ses terres.

        En 818, Lennan Ier fit célébrer les noces de Geralt, son fils aîné, à Bronwen, reine de la tribu des Powys, peuple occidental de la Grande Bretagne.
        L'on suppose que fort du comté de Lincoln, Lennan espérait que les héritiers de Geralt et Bronwen ne relient les deux territoires, créant ainsi une tête de pont plus que durable pour des opérations ultérieures.

        Lennan était au faîte de son règne. Commença alors sa déchéance.


        Comme Il le fit pour Job, Notre Seigneur fit plonger notre souverain dans les plus noires abysses, mais à la différence du fils de Judée, ne l'illumina plus jamais de sa lumière.

        Orlaith O'Cléirigh, chroniqueur du règne de Lennan I



        On date généralement de 819 le début de la descente aux enfers du grand chef. Tout commença lorsque Lennan apprit l'existence d'un cerf blanc, qu'on aurait aperçu dans les terres septentrionales de l'île.

        Bien qu'il ne fusse pas un grand chasseur, Lennan se mit en tête de capturer l'animal légendaire. Ses premières battues se révélant infructueuses, il accusa ses rabatteurs de mal faire leur travail, et en engagea d'autres. Le résultat fut identique. L'hiver vint, empêchant Lennan de poursuivre sa quête. Il rentra à Tir Eoghain, rongeant son frein. En automne de l'année suivante, ce fut aussi un coup d'épée dans l'eau.
        Petit à petit, Lennan I s’entêta, persuadé que le cerf blanc existait mais que ses veneurs faisaient fuir le mythique gibier. Ce qui n'était qu'une distraction devint obsession*: en octobre 821, alors qu'il chassait quasiment seul, tout juste accompagné de son garde personnel, Lennan rencontra par hasard, un baron d'une tribu voisine. Paranoïaque, persuadé que l'homme était venu lui voler son cerf blanc, Lennan jeta ses chiens sur le baron, le mettant en pièces. On frôla la guerre, et seul le prix du sang, payé discrètement par le conseil, évita que les choses ne s'enveniment.

        De même en 824, le royaume d'Angleterre de l'Est attaqua le comté de Lincoln, lequel dépendait de l'autorité de la famille Noigiallaich. Lennan fit immédiatement remettre les territoires au roi ennemi sans même lever l'ost. Bien qu'officiellement, on prétendit que le comté était sans importance, et n'était qu'un poids mort, c'était de ce dernier que le clan Noigiallaich récoltait l'essentiel de ses revenus. A peine ses ordres de capitulation signés, Lennan repartit à la recherche du cerf blanc.

        Le comportement de Lennan s'aggrava encore un an plus tard, quand son corps présenta les signes extérieurs de la syphilis.
        On pense désormais que son obsession pour la chasse fut causée par cette maladie vénérienne.

        Lennan I sombra dans la folie quelques mois plus tard, alternant phases de délire et de stabilité. S'il s'amusait par exemple, à tirer à l'arc sur les gens de sa cour, où à obliger son peuple à pratiquer deux ouvertures dans leur masure, afin que l'air frais y circule en permanence, il fut néanmoins assez lucide pour mener ses troupes lors de la conquête du comté de Bréifine, et à faire abandonner le système tribal pour le féodal en 829. Tir Eoghain devint officiellement un duché.

        Avec le temps cependant, les crises du nouveau duc se firent de plus en plus grave, et il développa un goût pour la sadisme, faisant crever les yeux de ses prisonniers, ou les castrant quelquefois lui-même. Devenu Lennan «*le cruel*» pour son peuple, son instabilité atteint son paroxysme à compter de 834, où à l'instar de Caligula qui avait voulu nommer son cheval consul, il décida de franchir le pas, et de révoquer son chancelier pour son destrier.

        A compter de cette date, le conseil ne considère plus les ordres de Lenann comme légitimes, et commencent à s'en remettre au prince-héritier Géralt.

        Persuadé qu'on voulait le tuer, Lenann disparut de la vie publique trois ans durant, avant de subitement réapparaître en 838. En 840 quand la maladie l'emporta, il y avait longtemps que l'esprit du duc était déjà parti.

        Lenann Ier reste un duc au bilan controversé. Très aimé au début de son règne, il est indéniable qu'il est l'homme qui a fait passer l'Irlande du nord du tribal au féodal, entrant pleinement dans le Moyen-Age. Cela dit, sa folie survenue à partir de la seconde moitié de son règne, alors qu'il n'avait que 22 ans, entravera pour toujours ses ambitions politiques.



        Le surnom de «*crépusculaire*», qui lui a été attribué de façon apocryphe par l'auteur irlandais Muiris O'Druon, dans son ouvrage du Roi Maudit, illustre à la perfection les espoirs du règne de Lenann Ier, aussi immenses que finalement déçus.





        Une représentation du cerf blanc (ici, à l'église de Trehorenteuc, en France), l'obsession de Lennan Ier.

        Commentaire


        • #5
          Geralt Ua Neill Noigiallaich

          799, (840), 843




          Le château de Dunluce, aujourd'hui en ruines, dans le comté d'Amtrim, lieu de l'assassinat de Geralt Noigiallaich


          Bien que Geralt soit couronné duc de Tir Eoghain en l'an 840, il exerçait déjà cette charge dans les faits à compter de 834, lorsque la folie de son père était devenue trop importante.

          Lorsque il ceint la couronne ducale, la cour est confiante. Geralt, sans être un homme exceptionnel, est un homme besogneux, qui comme son grand-père, montre un certain talent pour les chiffres et la gestion de registres.

          Geralt fait moderniser les infrastructures des comtés, faisant ériger des châteaux-forts en lieu et place des palissades qui protégeaient les villages de Tir Eoghain. Il explique vouloir rendre dans les faits, l'acte de féodalité signé par son père, en 829.

          Geralt n'a néanmoins pas le temps de pousser plus en avant sa politique économique : en 843, alors qu'il inspecte le chantier du château de Dunluce, il est précipité au bas des falaises par des ouvriers payés par l'un de ses oncles, Labraid.

          Geralt ne survivra pas à sa chute. Mort seulement trois ans après son couronnement, sans héritier direct, les responsabilités ducales sont transmises à son demi-frère cadet, Aèd.
          Dernière modification par Code 44, 17-02-2015, 15h48.

          Commentaire


          • #6
            Aèd II Ua Neill Noigiallaich

            801, (843), 855


            Frère cadet immédiat de Geralt, Aèd est mieux considéré que ce dernier par la cour. En effet, si Geralt a le droit d’aînesse, il est le fis de Lennan Ier et d'une de ses concubines. Aèd, au contraire, est le fils aîné de Lenann le Cruel et de Marie, princesse des pictes. Son assise est donc plus confortable lorsque il devient duc, en l'an 843.

            Homme pieux, humble et travailleur, Aèd a la violence en horreur, mais il refuse de laisser la mort de son frère impunie.
            Craignant une fronde si l'arrestation de Labraid échoue, comme c'était arrivé à son grand-père, Aèd ordonne, à mots couverts à son cabinet noir de régler le problème. Labraid, surnommé le Débauché par ses pairs, était un homme peu considéré, que le meurtre de Geralt n'a pas fait plus aimer des siens. Les espions d'Aèd n'ont donc que peu de mal à rassembler les conspirateurs nécessaires avant d'éliminer l'oncle du duc.

            L'assassinat d'un membre de sa propre famille toutefois, jettera l’opprobre sur le clan Noigiallaich pendant plusieurs années, jusqu'à ce que le pape, Sabinien II n’émette une bulle l'absolvant de cet acte. Touché par cet acte de Rome (quoiqu'intéréssé, puisque le duc fit porter plusieurs centaines de ducats à Rome par ses évèques), Aèd II vit sa foi se rafermir, foi qui grandit d'autant lorsque il acquit un fragment d'os passé pour être celui de St Jean-Baptiste. Aèd fit ériger un reliquaire de bois précieux qui se transmit de génération en génération, que l'on peut découvrir aujourd'hui en la cathédrale St-Patrick de Dublin.

            En 849, au nord-ouest du pays, le duché rencontre son premier schisme : si à cette époque, l'île d'Irlande, dans tout son ensemble est entièrement catholique, ce n'est pas le cas du reste du monde chrétien. En France, notamment, le mouvement vaudois, qui prône un culte plus dépouillé, à la limite de l'ordre mendiant, ne cesse de prendre de l'importance. Ses fidèles prêchent en Italie, et dans les îles britanniques.
            S'appuyant sur ces croyances pour dénoncer la papauté, un chef paysan nommé Enna soulève le bas peuple. Il affirme que puisque le clan Noigiallaich obéit à Rome, il n'est nécessairement pas légitime, et qu'un chef vaudois se doit de prendre la tête du duché.

            La jacquerie inquiète assez Aèd II pour qu'il paye les services d'une bande mercenaire, qui écraseront les vaudois en quelques batailles sanglantes. Enna trouvera la mort au cours de ses escarmouches, et privé de chef, le mouvement s'essoufflera.

            Aèd II prit alors deux mesures pour remédier au soulèvement vaudois. Premièrement, il chargea son chapelain personnel de convertir les hérétiques du duché, et de ne pas reparaître en cour tant que sa tâche ne serait accomplie. Puis, le duc partit en pèlerinage à Jérusalem.

            S'y comportant en chrétien exemplaire, partageant avec des compagnons de route sa pitance, Aèd II atteint alors l'idéal du chevalier blanc catholique, juste avec le petit peuple, impitoyable envers les dévoyés. Ses plus fervents admirateurs le surnommèrent Galaad, en référence au fils de Lancelot du lac. Le duc revint de Terre Sainte plus pétri de foi catholique que jamais.

            Les prêches apostoliques du chapelain ne furent que peu efficaces : en 851, un second soulèvement vaudois eut lieu, dans les mêmes territoires. Les hérétiques, là encore, furent écrasés de la même impitoyable façon.

            Lorsque Aèd II meurt naturellement en 855, il laisse le souvenir d'un monarque très religieux, quasi-zêlé, un modèle à suivre pour les nobles catholiques, et un persécuteur pour les hérétiques.



            Commentaire


            • #7
              Lennan II Ua Neill Noigiallaich, dit le Duc d'Automne ou le Duc des Trente Jours

              841, (855), 855


              Le règne de Lennan II, fils du précédent, fut d'une exceptionnelle brièveté. Il ne dura en effet qu'un mois, jour pour jour, entre la mort de son père et la sienne.

              Âgé de 14 ans, le jeune duc était encore sous la régence de son conseil quand il s'aventura à la chasse, avec une escorte réduite.

              On retrouva son corps en début de soirée, une flèche plantée au travers de la gorge. L'escorte quant à elle, s'était évaporée.

              Encore aujourd'hui, on ignore qui a fait assassiner le préadolescent, le meurtre n'ayant été suivi par aucune tentative de prise de pouvoir par l'un des vassaux du duché.

              La couronne passa au jeune frère de Lennan, Aèd.

              Commentaire


              • #8
                Aèd III Ua Neill Noigiallaich, dit le Chaste

                845, (855), 898




                Se retrouvant brusquement duc à dix ans, après l'assassinat de son frère aîné, Aèd III n'eut pas une préadolescence particulièrement heureuse : le conseil de régence, estimant la couronne en danger, décide de protéger le jeune Noigiallaich fut-ce au prix de sa liberté. De fait, jusqu'à la fin de sa régence, Aèd vivra cloître dans l'abbaye de Fore, dans le comté de Westmeath.
                Cette rupture avec le monde civilisé, et son peu d'habitude avec les interactions sociales lui valurent en premier lieu, son surnom de Chaste.

                Cette précaution ne fut pas vaine, puisque en 859, l'on découvrit un complot tramé contre le jeune duc. Les espions du clan Noigiallaich firent en sorte d'éliminer la menace avant qu'elle ne se précise.

                861 fut la fin de la régence, et le retour d'Aèd dans le monde. Jeune homme sympathique, d'un naturel bon et avenant, le duc est très vite apprécié de son peuple. Sans posséder la foi dévorante de son père, Aèd estime qu'il est de son devoir de partir en pèlerinage, comme son père avant lui. Néanmoins, plutôt que de partir à Jérusalem, Aèd III préfère St Jacques de Compostelle, moins éloigné de l'Irlande, afin de pouvoir rapidement revenir en cas de soulèvement ou d'invasion ennemie.

                Aèd n'oublie pas le vieux rêve du clan et lance ses armées à l'assaut du comté de Dublin, alors indépendant. La chute de ce territoire place plus la moitié de l'île sous le contrôle de la famille Noigiallaich.
                S'estimant désormais posséder un territoire assez important pour cela, Aèd III déclare la création du royaume d'Irlande en 872.

                Le duché rival de Leinster réagit aussitôt, et cherchant des appuis sur l'île de Grande Bretagne, attaque le nouvel état. D'abord bousculés par cette attaque surprise, les troupes du clan Noigiallaich réagissent avec brio, mettant un coup d'arrêt à la guerre quand elles capturent le roi de Mercie, Ecgfrith II dit l'Apostat, le principal allié du duché.

                Revenu à la paix, Aèd peut à nouveau se consacrer à sa grande passion, l'astronomie. Le roi a fait bâtir un observatoire depuis lequel il observe tous les soirs les mouvements des planètes, et s'interroge sur la présence possible de vie dans l'univers.

                Le royaume d'Irlande évolue dans une certaine inconscience quand, en 885, se produit un drame qui aura de lourdes conséquences*: alors que les armées de Porsteinn le Législateur, roi de Danemark, ravagent les cotes irlandaises, dans le but d'apporter du butin à Roskilde, le prince-héritier Aèd, âge de 17 ans, tombe au combat.

                L'ironie voulut que le prince fut l'un des seuls morts irlandais de l'escarmouche, les danois regagnant leurs drakkars presque sans combattre.

                La mort du prince-héritier marquera suffisamment Aèd III pour qu'il ordonne à son cabinet noir de venger son fils, fut-ce au prix d'une aggravation des relations avec le Danemark, déjà peu reluisantes.

                Le choix des insulaires se porte sur Porfinn Freyrsson, cousin du roi danois. Porfinn sera assassiné à Aalborg, et son corps jeté dans le Limfjord, un an jour pour jour après la bataille dans laquelle celui qui ne fut jamais Aèd IV trouva la mort.

                La paix avec le Danemark est signée en 888, au bénéfice de l'Irlande, mais les deux pays sont conscients qu'il ne s'agit que du premier conflit d'une longue série à venir.

                Un nouveau drame familial frappe Aèd III en 892, quand son épouse Mercantrude, sœur du roi des francs Rignomen, meurt en couches. Seule la naissance, la même année, de Cathassach, fils aîné de son cadet Augaire, apporte un peu de beaume au cœur du roi. La couronne a assez d'héritiers mâles pour être normalement transmise. A noter que par précaution, Aèd III avait au début de son règne, fait adopter par les barons la reconnaissance de l’hérédité agnatique cognatique, au cas où la lignée Noigiallaich viendrait à manquer de garçons.

                Aèd continue l'unification de l'île par l'attaque du royaume de Mumu, en 894. Le comté de Corcu est facilement emporté, et le titre de duc de Mumu est ajouté aux prédicats du clan Noigiallaich. A noter que cette guerre éclair verra la formation des premières unités de soldats permanents, les escortes.

                Quand Aèd III expire en 898, il laisse derrière lui une île quasi unifiée, un Etat fort, une armée sur la voie de la modernité, et surtout, la création du prestigieux titre de royaume d'Irlande. A cet égard, plusieurs médiévistes ne considèrent l'existence de l’entité irlandaise comme solide, qu'à compter du règne d'Aèd III.






                L'abbaye de Fore, où Aèd III passa six ans de sa vie. Le bâtiment est aujourd'hui en ruines.
                Dernière modification par Code 44, 12-03-2015, 17h45.

                Commentaire

                Chargement...
                X