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  • Sénat romain

    J'ai une question :

    Quelles conditions fallait-il réunir pour avoir droit de siéger en tant que sénateur au sénat, pendant l'époque républicaine ?
    J'ai toujours pensé que le sénat était réservé aux seuls patriciens, mais Cicéron était bien un plébéien, et pourtant il a été sénateur, et ce avant d'être consul et d'exercer d'autres charges.
    C'était le sénat qui décidait qui était suffisamment illustre pour mériter une telle charge ?

  • #2
    C'est les anciens magistrats qui entrent au Sénat. Y a pas de conditions en plus à remplir que celles déjà en vigueur pour se lancer dans le cursus honorum, à savoir posséder des sous, beaucoup de sous, pour faire partie de la classe éligible des citoyens d'une part, et d'autre part pour vivre pendant l'exercice de sa magistrature.
    En plus de ça, faut bien sûr avoir une éthique irréprochable, ou en tout cas ne pas s'être mis à dos les censeurs qui gèrent l'album sénatorial et peuvent refuser l'adhésion d'un citoyen (voire radier un sénateur déjà en place).

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    • #3
      Donc si je résume :
      A l'origine les sénateurs sont les chefs des gens, puis progressivement le sénat n'est plus uniquement accessible aux patriciens, mais plus amplement à tous ceux qui ont les moyens de démarrer leur cursus honorum ?
      Donc par exemple à l'époque de Cicéron, tous les sénateurs ont forcément exercé une magistrature ? Il n'y en pas qui sont juste sénateurs, sans avoir forcément occupé un poste ?

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      • #4
        Bon, le problème c'est qu'il faut préciser l'époque. La nature du Sénat (comme ses pouvoirs d'ailleurs) peuvent varier grandement selon les époques qu'on parle. Premièrement, et je le répète cinquante milles fois, mais passé le IV-IIIème siècle, l'opposition patricien-plébéien n'a strictement plus aucun sens et plus aucune importance. Ah si, ca fait chier les patriciens populares qui peuvent pas prétendre au tribunat de la plèbe, ce qui fait que certains comme Clodius passent dans la plèbe. Si y'a opposition lors de ces siècles, outre Populares-Optimates, c'est entre nobilitas, qu'on traduit improprement par "noblesse", la nobilitas ce sont ceux qui ont au moins un ancêtre consul (ou préteur selon les périodes, donc y'a pleins de familles plébéiennes et patriciennes dedans), et les homines noui (les "hommes nouveaux", ce qui partent de rien, comme Cicéron où Caton l'Ancien). Les nobiles ont des droits spécifiques (le ius imaginum) qui leur permettent de bien mieux "exposer" publiquement le mérite de sa famille à des fins politiques. Après c'est pas non plus nécessaire, Marius a fait un superbe discours contre la nobilitas avant les élections au consulat et il les remporta (je résiste pas à un mettre un petit morceau c'est un de mes discours préférés) :
        Non possum fidei causa imagines neque triumphos aut consultatus maiorum meorum ostentare ; at, si res postulet, hastas, uexillum, phaleras, alia militaria dona, praeterea cicatrices aduorso corpore. Hae sunt meae imagines, haec nobilitas : « Je ne puis, pour inspirer confiance, exhiber les portraits ni les triomphes ou les consulats de mes ancêtres, mais, s'il en était besoin, des lances, un étendard, des phalères et autres récompenses militaires, sans parler de mes blessures, toutes reçues par devant. Voilà mes portraits, voilà ma noblesse ».

        Bon passé cela, on sait pas trop ce qu'était le Sénat à l'origine. On pense, on est pas sûr, qu'il s'agissait d'abord effectivement de l'assemblée des chefs de famille sous la royauté, d'ou le nom de pater conscripti etc. Et puis franchement, ca irait bien avec les structures sociales de la société romaine autour du Pater familias.

        Ensuite Thaut a bien répondu, sauf qu'il n'a pas de "classe éligible de citoyens", "n'importe qui" peut être sénateur, il "suffit" d'être élu dans une magistrature et de passer la lectio senatu des Censeurs. Oh, certes, la grande majorité, très grande majorité des Sénateurs appartiennent à la nobilitas et à l'ordre équestre, mais parmi des sénateurs on peut citer deux illustres personnages qui ont commencés sans le sou et qui ont pourtant bien réussi : Sylla et César (bon ils eurent des dettes de folies, certes). On peut citer d'autres exemples, Marius, P. Venditius Bassus, Caton l'Ancien qui avait une propriété terrienne sans plus.

        Sinon oui, à l'époque Cicéron, un sénateur est nécessairement quelqu'un qui a déjà exercé une magistrature. Sauf incorporation franche et massive, comme lorsque Sylla intégra en bloc 300 chevaliers dans l'ordre sénatorial (pour décapiter l'ordre équestre). Par contre sous Auguste, l'ordre sénatorial deviendra une classe censitaire, comme l'ordre équestre.

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        • #5
          Merci pour la correction. En ce qui concerne les magistratures nécessaires pour devenir sénateur, est-ce qu'on peut dire (j'affirme rien là) que de toute façon, étant donné la mentalité romaine, la question ne se pose même pas ?
          Je veux dire, pour les Romains, servir la cité par l'exercice d'une magistrature est un honneur (d'où le cursus honorum [/Captain Obvious en folie]). L'immense majorité des jeunes gens en mesure de se lancer dans le cursus le fera, car c'est le devoir du bon citoyen (et ses corollaires pression sociale, etc.), même si ce n'est pas une obligation. Du coup, on se retrouve de facto dans une situation où les potentiels sénateurs ont déjà été magistrats, donc que ce soit une condition préalable à une nomination parmi les pater conscripti, au final, ça n'a pas grande importance.

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          • #6
            Oui et non. Dans un cas, c'est vrai que les sénateurs ont le droit d'amener leur fils lors des séances de temps en temps. De l'autre, Salluste dit clairement que parmi les suivants de Catilina, on trouve un ramassi de nobiles qui n'arrivent justement pas à se faire une place dans le cursus honorum, et parmi ces nobiles on retrouve quelques patriciens... En fait, ca dépend des périodes, mais celle du Ier siècle, obtenir une magistrature est difficile à cause de la concurrence (et des montagnes d'or qui faut balancer pour se faire élire -sauf si on est Caton, mais Caton c'est Caton-) : c'est au contraire important.

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            • #7
              Donc si je résume, à la fin de la République, il suffit d'avoir la réputation et les moyens de candidater pour le cursus honorum et d'être élu, puis de ne pas se faire virer par les censeurs, pour siéger en tant que sénateur après son mandat ?

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              • #8
                C'est ca. Le tribunat de la plèbe permet aussi d'accéder à l'ordre sénatorial depuis je sais plus quelle loi, annulée par Sylla, restaurée par Crassus et Pompée. Je précise parce que le tribunat de la plèbe n'est pas une magistrature réelle (même si c'est kif kif bourricot à la fin de la République).
                Dernière modification par Faras, 05-12-2013, 21h16.

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                • #9
                  D'accord, merci. Et en -272, à l'époque d'EB, ça se passait comment ?

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                  • #10
                    Fiou, je t'avoue que c'est une époque que je maîtrise moins. De tête, on est quelques années après le passage de la lex Hortensia qui fait que tout plébiscite a force de loi, là ou avant le plébiscite n'avait que juridiction que sur la plèbe. On est aussi une centaine d'années après les lois Sexto-liciniennes qui ouvrent le consulat aux plébéiens, et une quarantaine d'années après la révélation du droit pontifical. En clair, les patriciens comme force politique sociale sont morts. En -272, la nobilitas patricio-plébéienne se forme peu à peu, je sais qu'il y a parfois encore quelques tensions entre patriciens et plébéiens, mais le tout est en fusion et il y a plus les grands troubles d'avant. Pour être sénateur, valait sans doute mieux descendre d'une puissante famille plébéienne ou patricienne. Mais y'avait beaucoup plus d'homines noui qu'au IIème siècle, donc d'un autre côté c'était plus "facile". C'est l'époque où il y a vraiment aucune opposition sociale ou politique comme on pourra le voir au IIème siècle. Ni vraiment d'opposition familiale, ca a disparu assez tôt dans l'histoire.
                    Dernière modification par Faras, 05-12-2013, 23h28.

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                    • #11
                      Mais du point de vue des "moyens d'accession", ça reste pareil selon les lois, n'importe qui peut candidater à une magistrature ? (encore faut il qu'il puisse mener sa campagne à bien, être élu et ne pas se faire émasculer par les censeurs bien entendu)

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                      • #12
                        Ah oui ca, ca reste pareil, sauf qu'il y a besoin de beaucoup moins d'argent. Mais si tu veux, c'est plus "ouvert" aux familles plébéiennes de rang équestre parce que la nobilitas ne s'est pas formée entièrement, mais de l'autre côté c'est moins "ouvert" "socialement" qu'au Ier siècle : tu ne retrouveras pas des P.Vatinius, des Marius, ou des P.Ventidius Bassus.

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                        • #13
                          Attends, les chevaliers n'étaient pas interdits de devenir sénateurs à cause de leurs profits mercantiles ?

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                          • #14
                            Nope, déjà ça c'est une loi au deuxième siècle si je me souviens bien (un sénateur n'a pas le droit d'avoir un vaisseau de plus de x tonnage), de plus, tous les chevaliers ne sont pas publicains, et même parmi les publicains, nombreux investissent d'abord dans la terre. C'est un système bien connu de tous les historiens de toute les époques, quand on est un marchand qui veut s'élever socialement on s'achète de la terre. Après, rien n'interdit de se présenter à la magistrature, puis d'abandonner le commerce pendant celle-ci pour devenir et surtout rester sénateur à la sortie de la charge publique. Enfin, cette loi tombe un peu en désuétude au Ier siècle, les lettres de Cicéron montre fort bien qu'il pratique le prêt à l'aventure (=du commerce).

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                            • #15
                              Pour éviter d'écrire un nouveau sujet, j'avais une question relative au sénat romain, ou plutôt une confirmation. Est-il vrai que sous le règne de Caligula (37-41), les sénateurs se mettaient à genoux devant leur empereur et lui baisaient les pieds ? Pratique odieuse et excentrique, il faut vraiment que je sache.

                              PS: J'ai un oral dans trois jours, donc pour éviter de raconter des bouffonneries...
                              Dernière modification par Strabon, 03-05-2015, 14h04.

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