Total War : Troy - Premières impressions

Alors que le 13 août, la canicule et la sortie de Troy se rapprochent doucement, Creative Assembly sort de son silence et les embargos sur le jeu se libèrent.

Avant tout, Total War: Troy n’est pas encore terminé, certaines choses sont susceptibles de changer encore, et tout doit être ausculté dans le contexte inhabituel du lancement du jeu. Dans cette revue, nous allons nous y pencher comme le petit frère du ratage de Thrones of Britannia, mais aussi comme le premier titre produit par l’aile bulgare du studio, et enfin, pour le joueur, comme un jeu qui peut être saisi gratuitement le jour du lancement (tous les détails ici).

Les articles suivants détailleront les aspects plus précis de la campagne et des batailles, au fur et à mesure qu’elles seront accessibles.

Sources - Les captures d’écran montrées ici proviennent d’un stream de Cody Bonds (ici en anglais sur YouTube), de HeirOfCarthage (ici sur YouTube) et d’une preview de gameplay de Creative Assembly (ici en anglais sur YouTube). Les informations proviennent à la fois de ces streams, et d'autres de la chaîne twitch officielle de Creative Assembly pour les Total War.
Sélection des Héros


Il y a énormément à dire sur cette interface, puisque c’est pratiquement la première chose que le joueur rencontre en jeu, et aussi le guide qui l’aidera à choisir sa faction.

L’ambiance générale des tons chauds des ocres et des bronzes, contrastés par le noir passé de la carte, est bonne. Une mention spéciale va pour la typographie, qui reste lisible en étant évocatrice.

Spoiler:
Petit point histoire de l’art :
L’inspiration des vases antiques est anachronique, puisque les céramiques à fond noir ne font leur apparition que cinq siècles après la guerre de Troie. Ni la statuesque de bronze, ni le style si caractéristique de l’art grec classique n’ont encore été élaborés. L’art grec de l’époque est proto-géométrique, donc abstrait. C’est un point mitigé, mais l’image de la Grèce antique est là.


L’orientation narrative du titre ressort clairement, et c’est une excellente chose. Les deux camps ont deux écrans de sélection distincts, et chaque héros a droit à un titre et une mise en bouche narrative. Le travail entamé avec l’interface de Three Kingdoms (lui aussi l’interprétation d’une saga littéraire en jeu vidéo) fait ici ses fruits, et ce côté littéraire est efficace pour introduire le joueur dans l’ambiance homérique avant de lui balancer le véritable gameplay à la figure.

Les héros jouables seront les suivants : Ménélas, Agamemnon, Ulysse et Achille pour les Grecs ; et Hector, Pâris, Enée et Sarpedon pour les Troyens. Le choix de Sarpedon est un peu étrange dans cette coalition, car il est lycien. Le grand absent, par contre, c’est Priam, roi de Troie, qui n’est pas jouable pour une raison que nous verrons plus loin.

La carte de campagne est réduite en échelle. Côté européen, elle s’arrête à l’Illyrie et la frontière actuelle de la Grèce. Côté asiatique, la carte jouable se termine à la façade maritime du Dodécanèse. La limite sud se situe en Crète et la limite nord au détroit entre la mer Egée et la mer Noire. C’est étriqué, et dans un jeu n’incluant pas de batailles navales, la profondeur terrestre est limitée. Cela dit, la carte non-jouable est modélisée sur beaucoup plus d’espace, et elle peut être facilement agrandie ultérieurement via des extensions payantes ou gratuites – espérons-le.
Campagne de Pâris


Campagne de Ménélas


Position - On note 12 factions épinglées, dont toutes les factions jouables (sept factions achéennes, quatre factions troyennes, la faction lycienne de Sarpedon). Que font les quatre dernières factions là ? On sait que le jeu viendra avec le DLC de précommande des Amazones, mais elles ne sont pas dans le jeu montré dans les diverses previews, ce ne sont donc pas elles.
Le nombre de cultures dans le jeu est apparemment de 9. Outre les principaux antagonistes Achéens et Troyens, le jeu comportera diverses autres cultures grecques (Doriens, Eoliens, Ioniens) et anatoliennes (Lyciens, Thraces, Amazones). Ces cultures sont identifiées en campagne par la forme de leur écu de faction. La neuvième culture est encore à découvrir, mais les candidats ne manquent pas (les Crétois ?).

Victoire – Le côté littéraire, homérique, ressort dans les conditions de victoires. La fin de partie a toujours été un point faible des Total War, et pour ce titre le joueur a donc deux options : une victoire classique de conquête de la carte, et une nouvelle victoire homérique. Dans cette variante-ci, nettement plus narrative, le joueur suit les objectifs de Ménélas littéraire : reprendre Hélène, raser Troie. C’est un changement dans la bonne direction, mais toujours pas une solution à l’ennui d’une fin de campagne. Une petite touche sympa et immersive, c’est le bouton à cliquer pour entamer la campagne : REPRENDRE HELENE ! pour Ménélas et PROTEGER VOTRE BIEN-AIMEE ! pour Pâris.

Unités – Le roster dans Troy va être limité, et la plupart des unités seront des variantes d’autres unités. C’était aussi une grande désillusion dans Thrones of Britannia – moins de budget, moins d’animations, moins de variété. Ménélas aura accès, via son Appel aux armes, au recrutement de troupes alliées (s’il s’allie avec Troie par miracle, il pourra donc aligner une armée gréco-troyenne). Mais dans un monde où tout, ou presque, est de l’infanterie, l’excitation d’aligner encore plus d’unités d’infanterie n’est pas là.

Les noms des unités ne sont pas très inspirés. C’est certain qu’il est difficile de reconstruire la langue de l’époque, mais chercher la saveur derrière « Archers légers » et « Chariots nobles de Troie » est laborieux.

Mécaniques de campagne – L’autre mécanique de Ménélas, les Colonies spartiates, n’est pas franchement révolutionnaire. Il peut… coloniser des ruines. Comme tout le monde. Mais de plus loin. Son rival Pâris est nettement plus gâté. Hélène commence avec lui en tant qu’agent, et il devra la protéger des tentatives de capture d’un peu tout le monde (la pauvre). Hélène, mon amour est le nom (terrible) de sa mécanique de campagne unique. Les deux amants, dans leur égoïste amour, ne sont heureux qu’ensemble. S’ils sont éloignés en mission sur la carte de campagne, leur faction souffrira de malus conséquents, et si par malheur l’un des deux devait être blessé ou capturé, la campagne deviendra beaucoup plus difficile. Ce babysitting permanent des deux cœurs fragiles promet un véritable renouvellement de l’expérience de campagne

Priam, roi de Troie – Il n’est pas jouable, et c’est pour une bonne raison. Ses deux fils, Pâris et Hector, sont à la fois alliés militaires et en rivalité pour son affection, et commencent hors de la cité de Troie. Ils ont chacun une jauge représentant la bonne grâce que leur père leur accorde. Si l’un des deux, en remplissant diverses missions, réussit à remplir cette barre, il pourra confédérer à la fois la faction de son frère et la cité de Troie. Cette idée est tout simplement excellente.

Héros – Il y a quatre types de généraux, appelés « Héros », dans Troy : combattant, archer, défenseur, seigneur. Du classique, rien à dire. Chaque faction a accès trois de ces Héros sur quatre. C’est une privation un peu artificielle, néanmoins chacun a accès à des sous-classes distinctes et un arbre de compétences unique.
  • l’Archer peut se spécialiser en Archer d’élite ou en Archer embusqué
  • le Défenseur peut se spécialiser en Protecteur, en Compagnon ou en Vétéran
  • le Combattant peut se spécialiser en Champion, en Ravageur, ou en Conquérant
  • le Seigneur (en gros, une classe de soutien) peut se spécialiser en Mentor, en Commandant ou en Seigneur de guerre

Ménélas, par essence un Seigneur, n’a pas accès aux Archers, et à l’inverse, Pâris, qui est un Archer, n’a pas accès aux Seigneurs.
Arbre de compétences (Pâris)


Les compétences, dans Troy, sont des arbres à choix plus contraignants que dans d’anciens titres, puisque la plupart des voies à parcourir sont mutuellement exclusives. Ainsi, le choix de la compétence « Tromper Hadès » interdit de prendre « Entraînement centaure » pour Pâris, et c’est similaire pour tous les Héros génériques et uniques du jeu. Contrairement à d’autres titres comme Warhammer II, il est ainsi impossible de dupliquer une combinaison efficace de traits pour tous les généraux et d’optimiser à outrance les personnages. C’est relativement une bonne chose et permet aussi d’augmenter la rejouabilité de la faction.
Comme affirmé plus tôt dans d’autres communications, les agents de campagne (prêtres, espions, etc) ne peuvent pas rejoindre d’armées et combattre. Le choix de compétences du général est donc central dans une stratégie de conquête, et se comprend aussi dans le contexte d’un jeu où il n’y a pas de magie ni d’actions surnaturelles, et donc moins d’intérêt d’inclure d’autres personnages dans une armée.
BILAN

Comparé à Thrones of Britannia, Troy est nettement, nettement supérieur. Le jeu bénéficie aussi d’un meilleur budget et la qualité se ressent. Les idées nouvelles, que ce soit l’économie, les caractères bien introduits des héros, l’esthétique globale de la campagne, tout est très bon. Mais ce n’est pas ce qui fait le cœur véritable d’un Total War. Difficile avant de les avoir prises en main de vérifier ce que valent les batailles, mais dans ce département Troy est à première vue une opportunité manquée - ce que nous explorerons dans un futur carnet. Nous avons vu que le budget a empêché la création de pièces centrales telles que de véritables minotaures, de vrais centaures, et ainsi de suite, et les monstres finaux ressemblent à des rabiots assemblés à la hâte, sans réel sens de l’échelle.

Néanmoins, le jeu est bien construit. Difficile de dire encore si la campagne est suffisamment remplie pour éviter la monotonie dans un théâtre d’opérations aussi étriqué, en revanche ce qui est là semble bon. Nous aurons un accès anticipé au jeu une semaine avant la sortie du jeu, venez et voyez sur notre chaîne Twitch à ce moment-là.

Il faut aussi le considérer comme un jeu gratuit. Oui, en effet, durant les premières 24 heures du lancement, l'Epic Game Store offre le jeu à vie. Sans le DLC de précommande, mais tout de même. Pour ceux qui souhaitent absolument l'avoir sur Steam, cela peut être une bonne idée de le prendre pour rien une année sur l'EGS, puis de le prendre en promotion plus tard sur Steam, avec les DLC. Dans ce cadre, oui, il vaut absolument le coup. Troy promet tout de même une campagne intéressante.

En attendant le prochain carnet, retrouvez toutes les informations sur Troy sur le forum !