SGS NATO's Nightmare

Quand Gromyko voit rouge *






Que ce serait il passé si la guerre froide s'était brusquement réchauffée en 1985 ? Avec SGS NATO's Nightmare c'est à vous d'en décider.

Strategy Game Studio nous plonge au cœur d'une uchronie simulant un affrontement majeur entre les forces du pacte de varsovie et de l'alliance atlantique en plein cœur de l'Europe.
Nous sommes là face à un wargame d'ampleur qui envisage le conflit à une échelle opérative, c'est assez rare pour être souligné, et tout ça avec des mécanismes originaux et un invité vedette, présent dans le jeu, le célèbre colonel Michel Goya **

Prenez place à bord de votre VAB où bien de votre BMP, je vous emmène en balade près de Fulda !


Un contexte géopolitique plausible





Nous sommes en mai 1985, Mikhaïl Gorbatchev, le secrétaire minéral***, engage une politique de rapprochement avec l'ouest et œuvre de diplomatie avec Washington.

Cette démarche est perçue avec méfiance de la part de l'Otan qui renforce son dispositif d'alerte dans la zone de défense centre de l'Europe occidentale et prépositionne des équipements, au cas où.

Ce renforcement de posture conduit les russes à procéder à un exercice militaire d'ampleur baptisé « Bouclier de la Paix », à considérer comme un message d'avertissement donné par le soviet suprême.

Cette réaction disproportionnée fondée par un sentiment d'incompréhension mutuel conduit Ronad Reagan, ( Dutch**** pour les intimes ) à mobiliser 200 000 réservistes et à envoyer des forces en Europe.

Gorbatchev va multiplier les tentatives de désescalade, mais début juillet, victime d'un mal étrange, sombre dans le coma.
Andreï Gromyko, président du soviet suprême, arrive sur le devant de la scène, Gorbatchev aurait été empoisonné par des agents de l'ouest !


En aparté, au delà de l'hypothèse du mal étrange, je n'écarte pas la thèse d'un coup des producteurs de Vodka , voir « *** » en fin d'article qui corrobore cette option uchronique alternative non abordée par le concepteur du jeu.

Enfin le doute uchronique persistera et c'est ... sans déclaration de guerre aucune que les forces du pacte attaquent « préventivement ».

Une opération de vaste ampleur est décidée, il va falloir passer le cap de Fulda, ou le défendre pied à pied, tout dépend de quel coté du rideau vous allez jouer.






En un mot : Opératif





Plusieurs scénarios et une campagne d'ampleur vont donc voir s'opposer les forces de l'OTAN et du pacte de varsovie sur une carte découpée en zones, un découpage propice à un wargame à dimension opérative, l'opératif étant l'échelon conceptuel qui fait le lien entre les disciplines tactiques et stratégiques, rendant possible des opérations combinées par le biais de synergies.

A mon sens SGS a bien fait d'opter pour ce type de découpage par zones, ça semble difficile de simuler l'opératif avec des grilles hexagonales.

La carte d'ensemble permet de restituer la dimension opérationnelle et lorsqu'une bataille aura lieu dans une zone, des éléments d'ordre tactique interviendront.





Un système de tirage de cartes d’événements influe sur le cours du jeu provoquant des effets politiques, stratégiques ou tactiques.















Un clin d’œil a été fait par le concepteur, qui a intégré une carte événement « Michel Goya » dans le jeu, rendant hommage à l'expertise de celui-ci, c'est l'invité vedette.

La simulation nous offre deux niveaux de complexité, la version basique qui propose un niveau d'abstraction plus important et moins de pions à gérer et la version avancée du jeu proposant un nombre considérable d'unités, de la brigade aux grandes formations ...

L'intelligence artificielle a 4 profils stratégiques permettant ainsi une excellente re jouabilité avec des comportements de jeu différents, et c'est jouable en multijoueur, en pbem classique.

Les ordres de batailles sont très fidèlement restitués, l'auteur ayant des connaissances approfondies sur les conflits du 20eme siècle, les forces en présence et d'excellentes sources sur le sujet*****.











Le jeu en mode avancé affiche sur la carte un grand nombre d'unités temporaires considérées comme détachées depuis de grandes unités afin de répondre à la nécessite de simuler la dimension opérative, l'opératif fait la part belle à la souplesse organisationnelle et à la création de synergies, de combinaison de forces et d'effets pour emporter la victoire.








Chaque tour de jeu correspond à deux jours réels, les scénarios durent 14 tours, chacun segmentés en 10 phases de jeu.







L'objectif est de gagner en conventionnel, si la tension nucléaire atteint le point de non retour, l'apocalypse nucléaire se déclenche, offrant automatiquement la victoire à l'OTAN , on peut considérer que la défaite est totale pour les deux belligérants.

Si vous échappez à la guerre nucléaire, vous aurez droit à quatorze tours de plus en conventionnel !

A l'ère de l'atome, chaque conflit est plus que périlleux, réfléchissez bien avant d'utiliser l'arme nucléaire tactique ou l'arme chimique ( brrrr ).








Les graphismes servent bien le jeu, vous pouvez choisir un affichage avec des pions silhouettes, très réussis, ou des symboles OTAN, classiques, sobres et lisibles.







La guerre navale est simulée, la guerre aérienne également, la guerre électronique , des unités spéciales sont présentes , tout les ingrédients d'un wargame permettant de jouer un conflit de très haute intensité pour cette période sont là.



Ici une unité spéciale de reconnaissance, furtive, de l'armée de l'air américaine.






Voilà nos jaguars dédiés à la guerre électronique qui décollent de Toul accompagnés de 3 escadrilles d'attaque au sol, en direction de l'Allemagne pour affronter l'envahisseur soviétique !

Le jeu est en français, assez intuitif, de complexité moyenne, à un prix très abordable, il nous manque un manuel, mais celui ci est en préparation sous forme simplifiée, l'auteur est très actif dans les discutions steam et prompt à donner des explications, il fait évoluer le jeu de manière très dynamique.








Le cap de Fulda a été franchi,la percée d'une armée blindée soviétique va bientôt mettre Francfort en état de siège. Les saucisses sont elles cuites ?




L’œil du Lynx

SGS NATO's Nightmare m'a tapé dans l'oeil.




Ce wargame a beaucoup de qualités, le thème abordé, l'échelle opérative assez peu traitée dans le domaine des jeux de stratégie informatique, le sérieux de la simulation, l'originalité du système, en particulier les cartes d’événement ( j'adore l'idée ), le charte graphique des pions et tout ça a un prix très raisonnable ( 24€,99 sur steam ).

Des tutos vidéos sont intégrés dans le menu de lancement du jeu, c'est là une réelle plus value si vous maîtrisez la langue du général Paton, sinon il faudra patienter un peu pour avoir un manuel simplifié, ou apprendre l'anglais, en attendant celui ci les règles générales des jeux de la série SGS sont présentes sur leur site de manière simplifiée en français et complètes in english, au final pas de soucis pour appréhender le jeu.

Un petit bémol de mon point de vue, qui concerne la résolution des batailles dans le module tactique, ça va un peu vite, le système rend possible le paramétrage, une fois ralenti c'est parfait mais … il y a nombre de batailles, toutes intéressantes, la résolution de cette phase devient donc, du fait de l'échelle du jeu, un peu longue et répétitive ( mais c'est parce que je tiens à examiner tranquilou chaque engagement ! ).

Sur un scénario de très grande taille, comptez une à deux heures par tour, soit une trentaine d'heures par partie, ça convient parfaitement au rythme d'un wargame en pbem au long cours.

Vous trouverez ici détaillée la mécanique du système SGS :


https://strategygamestudio.com/fr/regles/

Quelques liens :

https://store.steampowered.com/app/1...TOs_Nightmare/

https://www.youtube.com/watch?v=hq-Z...W0-s0Q&index=8

Pour les curieux qui se demandent à quoi correspondent les « * » qui apparaissent ici ou là dans ces quelques lignes:

* Andreï Gromyko n'a aucun point commun avec les bâtons glacés , il fut ministre des affaires étrangères de l'Union soviétique, puis président du soviet suprême en 1985, il représentait la faction la plus conservatrice du parti communiste russe.

** Michel Goya est Colonel des troupes de marine, historien, auteur spécialisé dans l'analyse des conflits, je ne peux que vous conseiller la lecture de « sous le feu » , ainsi que , « le temps des guépards », si vous vous intéressez à la chose militaire, il sait de quoi il parle et on apprend avec lui.

*** Mikhaïl Gorbatchev fut surnommé le secrétaire minéral, en mai 1985 il engaga une politique de prohibition trèèèès mal perçue afin de lutter contre les ravages de l'acoolisme en URSS.

**** Le père de Ronald Reagan surnommait son fils « Dutch » à cause sa coupe de cheveux.

***** Sources utilisées par le concepteur qui a eu la gentillesse de répondre à mes questions : Weapons & Tactics of the Soviet Army de David C. Isby (Jane's) , Armies of NATO's Central Front du même auteur (et toujours chez Jane's) ,World Armies sous la direction de John Keegan, Battlegroup ! The Lessons of the Unfought Battles of the Cold War, de Jim Storr et beaucoup d'autres !